j'ai toujours cru, et je crois encore trop souvent, que je dois arriver partout, que je dois sans cesse être prête, parfaite. je ne m'accorde pas une once d'imperfection, pas un iota de désordre, pas un pas de travers. en présence d'autres humains, le ménage doit toujours être fait. la façade doit être souriante, parce que sinon, pourquoi on voudrait entrer? pourtant, dans ma tête, il y a pas beaucoup de place pour circuler. il y a des tonnes d'idées qui s'accumulent, des rêves qui s'amassent, des scénarios qui poirotent sur le coin d'un bureau englouti. je crois qu'on est beaucoup à être comme ça. à se mettre tellement de pression en public, à s'empêcher de respirer, à retenir nos larmes, à bloquer nos paroles, que notre presto éclate seulement quand on est seul. mais pourquoi alors ça fait tant de bien d'être accompagné quand on a mal? pourquoi on peut pas tous sortir de nos carapaces, enlever nos masques de plâtre, et juste accepter qu'on a tous mal. qu'on a tous des parcelles de notre nous qui craquent, qui fissurent, qui se détachent. pourquoi on se donne pas le droit de se réparer ouvertement, de se soigner entre nous, de se reconstruire tous ensemble? c'est correct d'être un peu en désordre, de faire des faux pas, de pas sourire quand les larmes flaquent sous tes paupières, l'important, c'est d'être là. pour se faire aider, se faire comprendre, se faire aimer. qui sait, peut-être que tout ça te fera aller mieux, respirer plus, rire pour vrai. et qui sait, peut-être tu pourras enfin donner à ton tour. je comprends que tu trouves que les couleurs de ton bonheur sont plus jolies. les gens préfèrent toujours le son de ta voix quand tu glousses, les pétillements dans le marron de tes yeux, le rose sur tes joues, ton nez plissé. mais t'as pas besoin de peindre par-dessus l'œuvre d'art que tu es déjà. ta peine, ta déchirure, ta frustration, ta montagne ton océan, eux aussi font des couleurs sublimes. pas nécessairement belles, mais fascinantes. les plus grands gâchis ont souvent faits de grandes œuvres, ou de grands artistes. assure-toi simplement de savoir atténuer le pigment de tes couleurs, ou changer de couleur complémentaire, une fois de temps en temps. faut simplement savoir balancer entre le soleil, et la pluie. savoir danser sous chaque temps, savoir chantonner sur chaque mélodie, savoir accepter chaque condition, savoir montrer aux autres quelle est la météo là-haut.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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