j'ai encore beaucoup d'histoires à raconter, de pensées à exprimer, d'amour, de peine et de joie à partager. mais l'art prend du temps. du temps pour le réfléchir, pour le comprendre, pour le perfectionner, pour le communiquer. l'art prend du temps de tête et de cœur. il faut ressentir les mots, coller notre oreille contre la paroi de notre cœur pour percevoir toutes les subtilités de ses lettres. il faut réécrire sur une partition cette musicalité, pour qu'elle puisse être appréciée à sa juste valeur. l'art prend du temps. tout le monde manque toujours de temps. je ne veux pas manquer de temps. je voudrais pouvoir passer des heures à rêvasser avec ma créativité. à l'ombre de mes mots, construire un monde où tout est beauté même dans l'adversité, où les gens gentils gagnent, où les étoiles sont visibles de partout. ces temps-ci, j'ai un peu eu l'impression que ma créativité était partie en voyage. qu'elle se prélassait sous le soleil chaud, les pieds dans le sable blanc et la limonade à la main. pendant que moi, je souriais à la sueur de mon front pour gagner quelques sous. mais une partie de notre nous ne part pas sans préavis, ne part pas sans raison. elle n'était pas partie en vacances, non. elle ne se prélassait pas, elle continuait à écrire son petit manuscrit, silencieusement. elle n'avait pas une limonade dans la main, mais bien un petit calepin sur lequel elle écrit tout. ma créativité n'est pas partie en vacances. c'est que moi qui ai arrêté de l'écouter. elle me parle toujours, me souffle à l'oreille de jolis vers ou fait palpiter mon cœur, mais elle est étouffée par le cliquetis des fourchettes et des couteaux en guerre. elle est étourdie par les tics et les tacs incessants, elle se perd dans mes pas. elle s'y sent embrouillée, énervée, désorganisée. j'ai arrêté d'écouter ma créativité par manque de temps et par paresse, peut-être. mais elle m'attend. doucement, patiemment. comme un enfant attend son parent après les classes, car l'enfant sait qu'il ne l'oubliera jamais. l'enfant sait, l'enfant sent, que son père, sa mère, reviendra toujours. l'enfant ne peut concevoir une vie sans son parent. ma créativité cherche le réconfort dans mes yeux, comme un enfant dans une montagne russe regarde à chaque tour son parent, les yeux collés dans les siens, un sourire qui transperce les joues ou les larmes qui menacent. et moi, je la regarde passer, lui souriant bêtement. créativité, ma petite artiste, je ne suis pas partie. je t'écoute encore, je reviendrai toujours. laisse-moi simplement du temps.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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