J’tai jamais demandé de rester. Tu sais quoi, j’y ai même pas pensé. J’ai pas voulu te retenir, pas voulu t’empêcher. J’tai pas supplié, j’ai pas fait de crise, j’ai pas versé des océans. J’ai presque rien dit. J’ai pas murmuré des baisers, j’ai pas crié des colères. Je t’ai laissé partir. Je t’ai regardé partir. J’ai observé ton dos, ta démarche lâche, ton cou, tes cheveux. J’ai enregistré chaque détail de toi et je t’ai envoyé une dernière fois la main. Probablement qu’à un certain point j’ai pensé à te courir après, j’ai peut-être essayé une ou deux fois de suivre tes traces. Mais jamais je t’ai demandé de rester. Parce que si t’as pas envie de rester, je te forcerai pas. J’ai pas envie d’être avec quelqu’un qui veut pas. Je te laisserai partir, si tu sens l’appel de la liberté. Je crois espérer que tu reviennes par toi-même. Ça arrivera pas. J’ai longtemps attendu sur le pas de la porte, l’oreille tendue. Si tu revenais, j’étais là, les bras accueillants, le cœur grand ouvert. Ah, chaque jour je regardais le courrier, je guettais le bout de l’allée. Et puis, un jour, ma patience s'est consumée, noire, égrainée. J'ai lancé une poignée d’allumettes dans la maison délabrée, j’ai tourné le dos à nous et j’me suis sauvée. Un jour, peut-être tu reviendras. Tu trouveras les ruines encore chaudes de notre chez-nous. Mais si tu fouilles un peu, Si tu déterres quelques débris encore intacts, Si tu noircis tes mains de suie, Tu me trouveras. J’te promets qu’il restera un bout de moi qui sera jamais complètement effacé, qui sera jamais complètement déménagé. Et peut-être même tu trouveras un indice qui te guideras à moi, à mon nouveau chez-moi. Y’aura toujours un chemin accessible à mon cœur, s’agit que tu le cherches.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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