dire les belles choses à voix haute. taire les couteaux. tout le monde aime se faire dire que c'est joli, ses vêtements. personne aime se faire dire que notre sourire est croche. tout le monde aime se faire dire qu'on a du talent dans quelque chose. personne aime se faire dire que nos intérêts sont niaiseux. s'que j'veux dire, c'est que c'est tellement facile de se détruire mutuellement, que nos mots sont les plus blessantes des armes. ces couteaux, ces canons, ces fusils peuvent entailler la peau. on range les couteaux, on les cache des petits enfants. c'est dangereux, au moindre faux mouvement les problèmes peuvent arriver. on les range parce que personne ne sait vraiment jusqu'où on peut aller, avec un couteau dans une main. une fois qu'il y est, on se sent puissant. comme si les couteaux contrôlaient les pensées. les mauvais mots sont des couteaux, blessants, contrôlants, difficiles à arrêter. mais pourtant, les mots, c'est également la plus belle arme pour se battre contre la méchanceté gratuite. ou pour se battre contre n'importe quoi. ce qui blesse, ce qui est injuste, ce qui trouble. mais se battre ne veut pas dire de faire mal. se protéger ne veut pas dire de blesser l'autre. avec des mots, tu peux rebâtir, apaiser, aimer. alors, pourquoi pas essayer de se faire sourire plutôt que de se faire pleurer? les mots sont comme des mauvaises herbes. elles prennent toute la place dans un jardin, on ne voit plus que les pissenlits. ils sont de couleur éclatante, voyante, ils sont légion, à profusion. mais ça ne les rend pas agréables pour autant. personne à un bouquet de pissenlits comme centre de table ou comme bouquet de mariage. les pissenlits, ils écrasent les bourgeons de roses et de tulipes. parler moins donne de la valeur à tes mots. parfois, c'est bien mieux de ne rien dire, mais parfois, c'est à la racine qu'il faut aller, traiter le bobo. alors, pour l'amour, quand tu parles, dis quelque chose qui ne lance pas des flèches. bien trop souvent les couteaux coupent les fleurs. dire les belles choses à voix haute. taire les couteaux. choisir les fleurs qu'on tend aux autres, enlever les mauvaises herbes de notre jardin, ne pas en planter chez les autres, qu'ils te voient jardiner ou pas. et à toi, à qui on donne souvent des pissenlits, sur qui les couteaux volent souvent bas, attend quelques jours. les pissenlits deviennent blancs, fragiles. tu pourras souffler dessus, tout partira dans un coup de vent. et pour les couteaux, ils finissent par être moins aiguisé, sur ta peau durcie. mais jamais, oh jamais, ne jette une bombe, ne te laisse pas guider dans ce jeu de méchanceté. envoie plutôt des jolies fleurs.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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