tu sais le cliché de film romantique auquel plus personne ne croit plus? malgré toutes ses variantes plutôt minimes, la trame de fond est toujours la même pour faire rêver les amoureux de l'amour. un beau jeune homme, (parce que ça fait rêver qui, un pas propre?) rencontre une jeune fille. au début, souvent, ça marche pas. les étincelles sont pas d'amour, mais de friction. et puis, forcés à se côtoyer, ils s'apprivoisent. et boum, le regard qui tue. tu sais, celui que tu décris comme les étoiles dans les yeux. moi j'dirais plus une galaxie entière dans le regard. ils comprennent qu'ils sont en amour, malgré tout, après tout. tu sais, ce cliché de film américain qu'on a tous regardé, plus ou moins en cachette, plus ou moins en pleurant, plus ou moins en rêvant. tu sais, quand vingt minutes avant la fin, plus rien ne va. tout casse. mais trois minutes avant le générique, 16 minutes et 45 secondes après que le déluge de larmes ait commencé, ils réalisent qu'ils peuvent pas vivre sans les bras de l'autre. et bah moi, même si je saute toujours cette partie triste à la deuxième, ou sixième écoute, je peux pas m'empêcher de vouloir vivre comme ça. je suis un cliché ambulant. je veux vivre d'amour et d'eau fraîche, je veux être ce cliché de fille artiste un peu perdue, qui vit dans un petit appartement désordonné, qui passe sa journée à réaliser son art, ses rêves, en dansant en bobettes dans sa cuisine, en s'assoyant sur le bord d'une fenêtre pour observer, écouter le cœur d'une ville qui bouge sans cesse. je suis une romantique. prends moi pour une enfant, une naïve, une aveuglée aux troubles de la vie. moi, j'aime à croire que ça existe encore, que ça existera toujours, malgré les déchirements, les brisures, et les blessures. je veux croire que l'amour, plus beau que dans un film américain, ça se vit. que même si les vingt minutes arrivent plus souvent, et qu'ils sont parfois plus long que vingt minutes, ils ne veulent pas dire que c'est la fin, que le générique s'en vient. ils veulent dire que le moins trois minutes arrive, et qu'on va se rendre compte, qu'on peut pas vivre sans les bras de l'autre. mais j'en suis encore qu'au début. quand on place la situation initiale, quand on apprend à connaître le personnage principal. un jour, je trouverai mon beau garçon d'Hollywood. un jour, on s'haïra, on s'aimera, on s'haïra de s'aimer, on aura notre montage de moments heureux du quotidien. un jour, on aura notre moins vingt minutes où je croirai me noyer dans mon propre air, et puis un jour, on comprendra que la vie est bien moche tout seul, et que traverser les rues de New York, de Paris, ou de L'Ancienne-Lorette, c'est bien mieux quand nos doigts s'entrelacent. c'est bien mieux au pluriel. c'est bien mieux quand on a plus besoin de dire pars pas arrête de nous déchirer tu m'manques j'reviens j'pars pu j'te lâche pas on se tient pour toujours, maintenant on est bien là, nous deux ensemble c'est bien mieux quand on fait juste le savoir. pis qu'on s'aime jusqu'à la fin du générique.
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j'écris pas pour. pour dénoncer, pour hurler, pour parler. j'écris parce que. parce que je ressens trop, ou pas assez. parce que parfois j'ai l'impression que mes larmes me noient, mais que l'empreinte de mes doigts m'ancre. parce que la tornade d'idées s'arrêtent seulement après avoir ravagé mon écran de lettres épars. j'écris pas pour te faire pleurer, te faire rire, te faire réfléchir. j'écris parce que tu vis les mêmes situations humaines, parce que tu peux te retrouver dans mes malheurs, dans mes joies, dans mes réflexions. j'écris parce que les tempêtes sont similaires sur chaque coin de la carte, parce que les bateaux sont tous plus moins équipés, mais que parfois, on a pas tous les mêmes matelots, les mêmes ancres, ou les mêmes voiles. quelques fois, on ne peut que se laisser mener par le vent, nos larmes perdues dans l'eau salée qui nous heurte le visage, le cœur. mes mots, c'est à la fois mes vagues, mon ancre, ma voile, mon bateau, et ma quête au trésor. j'écris parce que chacun d'entre nous a cette petite île déserte où on aime, où on aimerait, s'isoler, mais que le voyage est souvent bien long et ardu. j'écris parce que nous connaissons tous cet océan qui nous sépare de notre repos. j'écris parce que chaque petite tête a son calme plat, que parfois rien n'avance, parce que ça prend tout de même un peu de vent dans nos voiles, pour arriver à nos fins. j'écris parce qu'on a tous notre phare, cette lumière parfois flamboyante, parfois embrouillée, sur laquelle on peut se fier pour rejoindre notre port. j'écris parce qu'on sait tous qu'il faut d'un peu de tout, des vagues qui frappent, du vent qui pousse, des calmes pour respirer, des phares en qui avoir confiance, pour faire avancer notre petit navire de vie. j'écris parce qu'on est tous les mêmes, tous sur le même océan, mais pas dans le même bateau. je t'aime trop pour te fendre le cœur. je t'aime trop pour te dire que j'ai pas envie de mettre mes souliers de randonnée, que ça m'écœure de chercher des bibittes ailleurs que dans ma tête. je te regarderai avec émerveillement parce que j'y comprends rien à ce que t'aimes, même si je sais que tu affectionnes ces choses aussi purement que j'affectionnes les mots et les histoires. j'te regarderai du coin de l'œil pendant que tu observes les étoiles, j'embrasserai ton sourire devant la nature. et j'espérerai que tu conserves cette brillance quand ton regard se tournera vers moi. je t'aime trop pour t'enlever ce petit soleil dans tes yeux, j'ai peur d'en diminuer sa lumière. je t'aime trop pour noircir tes soirées d'encre et de doutes, pour ennuager ton quotidien avec mes nuages. toi, t'es comme une journée de juillet parfaite pour les glissades d'eaux. le ciel bleu sans menace, le soleil qui effleure et réchauffe la peau, les rires dans l'air. toi, t'es comme une journée de juillet où rien ne nous heurte, où tout fait aussi beau que le ciel. moi, je suis une journée d'automne. tu sais jamais à quoi t'attendre. avec une petite laine, le temps est agréable et doux, les couleurs vives des arbres font bondir ton coeur. et d'autres fois, la pluie se lève et se couche avec toi. les nuages alourdissent ta tête. moi, je suis comme une journée d'automne, imprévisible, tout l'un ou tout l'autre. je changerai pas pour toi, tu changeras pas pour moi. certains aiment l'été et d'autres préfèrent l'automne. certains aiment lire et d'autres préfèrent courir. tu me précèdes et je te suis, mais jamais tu ne m'atteindras, et jamais je ne te rattraperai. j'voudrais juste te dire que t'es beau quand tu crois que personne te regarde. que c'est à ce moment que tes yeux s'enflamment, mais que les plis entre tes sourcils te font des vagues dans les pensées. que les rides au coin de tes yeux te font rire sans arrêt, et alimentent ma joie quand le feu s'éteint. que malgré les tics et les tacs, que malgré la vapeur et les pas, j'aime perdre mes secondes à m'évader dans tes yeux forêt. j'voudrais juste te dire que chaque sourire envoyé vers mon cœur me gèle un peu sur place. que j'ai l'impression que tu lis en moi comme si je t'avais ouvert mes deux couvertures. que même de très loin, tu sais toujours comprendre. tu sais toujours comment prendre ma main pour me relever. j'voudrais juste te dire que j'aimerais me souvenir de ta voix. des montagnes russes quand tu éclates de rire. des rousseurs qui flottent devant yeux et que tu balaies d'un coup de tête. de la couleur particulière de tes yeux qui m'affectionnent. me semble y avoir passé suffisamment de temps pour avoir imprimé ces informations pour toujours. j'voudrais juste te dire te dire que je m'excuse de ne pas t'aimer plus. de ne pas faire sortir les mots qui hurlent dans ma tête quand t'as mal ou quand t'es particulièrement belle. de ne pas pouvoir délier mes mains pour calmer les tiennes. j'voudrais ne pas avoir à cacher mes pensées derrière de l'encre. j'voudrais savoir te crier des chuchotements doux, j'voudrais savoir faire parler autre chose que mes yeux, j'voudrais que toi, tous, tu saches que je t'aime tellement, tellement plus que je n'en laisse paraître. j'voudrais te montrer les couleurs que tu peins dans mon cœur, les rayons de ton soleil dans ma tête. j'aimerais que tu comprennes que je n'aime pas comme je voudrais être aimée. j'ai encore beaucoup d'histoires à raconter, de pensées à exprimer, d'amour, de peine et de joie à partager. mais l'art prend du temps. du temps pour le réfléchir, pour le comprendre, pour le perfectionner, pour le communiquer. l'art prend du temps de tête et de cœur. il faut ressentir les mots, coller notre oreille contre la paroi de notre cœur pour percevoir toutes les subtilités de ses lettres. il faut réécrire sur une partition cette musicalité, pour qu'elle puisse être appréciée à sa juste valeur. l'art prend du temps. tout le monde manque toujours de temps. je ne veux pas manquer de temps. je voudrais pouvoir passer des heures à rêvasser avec ma créativité. à l'ombre de mes mots, construire un monde où tout est beauté même dans l'adversité, où les gens gentils gagnent, où les étoiles sont visibles de partout. ces temps-ci, j'ai un peu eu l'impression que ma créativité était partie en voyage. qu'elle se prélassait sous le soleil chaud, les pieds dans le sable blanc et la limonade à la main. pendant que moi, je souriais à la sueur de mon front pour gagner quelques sous. mais une partie de notre nous ne part pas sans préavis, ne part pas sans raison. elle n'était pas partie en vacances, non. elle ne se prélassait pas, elle continuait à écrire son petit manuscrit, silencieusement. elle n'avait pas une limonade dans la main, mais bien un petit calepin sur lequel elle écrit tout. ma créativité n'est pas partie en vacances. c'est que moi qui ai arrêté de l'écouter. elle me parle toujours, me souffle à l'oreille de jolis vers ou fait palpiter mon cœur, mais elle est étouffée par le cliquetis des fourchettes et des couteaux en guerre. elle est étourdie par les tics et les tacs incessants, elle se perd dans mes pas. elle s'y sent embrouillée, énervée, désorganisée. j'ai arrêté d'écouter ma créativité par manque de temps et par paresse, peut-être. mais elle m'attend. doucement, patiemment. comme un enfant attend son parent après les classes, car l'enfant sait qu'il ne l'oubliera jamais. l'enfant sait, l'enfant sent, que son père, sa mère, reviendra toujours. l'enfant ne peut concevoir une vie sans son parent. ma créativité cherche le réconfort dans mes yeux, comme un enfant dans une montagne russe regarde à chaque tour son parent, les yeux collés dans les siens, un sourire qui transperce les joues ou les larmes qui menacent. et moi, je la regarde passer, lui souriant bêtement. créativité, ma petite artiste, je ne suis pas partie. je t'écoute encore, je reviendrai toujours. laisse-moi simplement du temps. ils disent que quand tu changes de langue, tu changes souvent aussi de personnalité. j'aime bien cette idée. comme si ton cerveau changeait de cassette en changeant de langage. je crois qu'on est le plus soi-même dans notre langue maternelle, au départ en tout cas. c'est normal, c'est avec cette langue qu'on apprend tout. ce qui nous entoure, ce qui est en dedans de nous, ce qu'on ne peut saisir. j'aime cette expression, la langue maternelle. c'est elle qui nous engendre, elle fait partie de nous, car nous avons été partie d'elle. mais avec les années, on commence à avoir deux mots pour une même réalité. certains grandissent même avec plusieurs mots pour une même réalité, ceux-là, je sais pas qui ils sont. j'espère qu'ils le savent, eux. je crois qu'ils choisissent quand même une langue qui les rend le plus aisé, celle dans laquelle ils se reconnaissent le plus. pour moi, c'est assez clair. en français, j'ai même pas besoin de réfléchir. mes doigts courent seuls sur le clavier, ma main guide le crayon machinalement, comme si mon cerveau n'avait pas besoin d'assister à la réunion pour que les décisions se prennent. ma langue maternelle fait de moi une peintre, une sculptrice, une artiste. je plonge l'empreinte de mes doigts, l'essence de mon art, de mon âme, dans cette multitude de couleurs, je ferme les yeux et je laisse mon cœur se vider, s'exprimer. les couleurs sont toujours plus vives, les agencements toujours plus justes, les contrastes toujours plus frappants. le français est pour moi une palette de peinture inépuisable, une palette qui se réapprovisionne indéfiniment. quand je dis quelque chose en français, quelque chose de difficile, de beau, d'épeurant, c'est toujours plus vrai, ça vient toujours d'un peu plus loin. l'anglais pour moi, c'est une veste pare-balles, une vitre protectrice, un filtre. la Marjorie anglaise peut dire n'importe quoi et c'est comme si la Marjorie française ne le ressentait pas. comme si les mots avaient moins de signification. comme si les autres langues n'avaient aucune racine, aucun attachement sentimental pour moi. je cache mes émotions derrière des mots d'une autre langue. les racines du français sont profondes, enracinées dans le noyau de mon être. ses bourgeons fleurissent à chaque printemps, rendant mon monde plus coloré et plus vivant. j'ai les racines françaises sous la peau et les fleurs peintes sur mon canevas. le français est si près de mon cœur, tout collé contre ses parois, une oreille attentive pour y percevoir chaque battement. ceux-ci vibrent en moi, font vivre mon corps, mais font valser mes mots. à chaque pulsation de vie, un mot surgit. le français s'écrit romantique, se parle amoureusement, s'écoute musicalement. toutes les langues sont incroyables, savoir en parler d'autres me fascine. beaucoup de gens n'ont pas cette relation avec les mots, et j'espère un jour tomber amoureuse. en anglais, en espagnol, ou même en allemand. mais le français est et sera toujours la plus belle invention du monde à mes yeux. probablement que si ma première langue avait été différente j'aurais la même opinion, j'admirerai les autres, mais je préfèrerai la mienne. ce n'est pas une question de français, d'anglais, d'italien ou de russe. le mot important dans l'expression langue maternelle est mère, pas langue. c'est une question de ce qui fait vibrer ton âme. je fais partie de cette poignée de chanceux qui savent penser dans une ou plusieurs langues, à différents niveaux. je sais comment penser, fonctionner. mais rien, rien ne sait décrire mon cœur comme le français. je ne sais qu'aimer en français. on est tous un personnage de roman, sauf que personne nous décrit comme un auteur le fait. tu peux penser que tu n'as rien de spécial, rien qui te distingue, rien qui donne envie aux gens de te connaître, de lire entre tes lignes. mais si tu laissais les gens te lire, à voix haute, en chuchotant, sous le soleil chaud de juillet, sous la couette de leur lit une nuit glacée de février, en voyage, au milieu de travaux d'école. si tu les laissais te lire d'une couverture à l'autre, passant des passages, relisant des phrases marquantes, tu verrais que les gens s'attardent souvent là où tu ne pensais pas. et que bien plus de gens que tu crois t'ont lu mais ne te l'ont jamais dit. quand on se plonge dans un roman, quand on se fait emporter par une histoire, c'est souvent qu'on tombe en amour avec un personnage. souvent sans vraiment pouvoir dire pourquoi. il est juste dans notre cœur, comme s'il avait toujours été là, simplement découvert. parfois, c'est comme si l'auteur nous avait décrit. nos faiblesses, nos pensées, notre humour, notre caractère. les écrivains sont des génies, ils arrivent à donner la vie à partir d'encre noir sur du papier blanc. cette encre noir fait rire, fait pleurer, fait réfléchir, change. et parfois, elle est tout ce qui fait qu'on tombe en amour dans la vraie vie. on a tous une histoire qui nous définit, qui nous identifie, qui nous différencie. qui fait de nous, nous. peut-être que si quelqu'un nous avait mis dans un livre, si quelqu'un avait décrit nos défauts avec tant d'amour, si quelqu'un remarquait nos tics de nervosité, si quelqu'un savait toutes les idées qui traversent notre esprit, si quelqu'un nous expliquait pourquoi on agit comme on le fait, si quelqu'un nous montrait qui on est, on s'aimerait beaucoup plus. nous-mêmes, et les autres. tous les humains sont pareils. non, pas pareils. égaux. tous les humains souffrent. ils ne l'expriment pas de la même façon, mais tout le monde a mal. tous les humains rient. certains plus fort que d'autres, mais tout le monde éclate d'un rire sincère de temps en temps. tous les humains comprennent pas toujours ce qu'ils font, ce qu'ils sont, ce qu'ils pensent. certains prennent le temps de s'examiner, d'autres vivent inconsciemment et joyeusement tout de même, mais tout le monde est bien trop souvent perdu devant ses propres paroles lancées nonchalamment ou ses actions regrettables. tous les humains ont une histoire cabossée, déchirée, pleine de montagnes, russes ou nordiques. certains sont jaunes, toujours souriants et laissent le soleil partout où ils vont. certains sont rouges, ils parlent, rient fort. ils ne s'arrêtent jamais, ils ont un feu ardent dans leur ventre. certains sont bleus, calmes, posés. ils prennent le temps de réfléchir, mais ils sont toujours de bonne écoute. on aimerait trop souvent être la couleur qu'on n'est pas. on aimerait être rouge quand on est blanc, bleu quand on est jaune, on devient alors rose ou vert, parfois on préfère, parfois on ne se reconnaît plus. certains sont un peu de tout, l'arc-en-ciel ne peut contenir toutes leurs couleurs. tous les humains sont différents, chacun d'entre nous a sa palette de couleur qu'il mélange à son gré, mais tous les humains ont le droit de choisir quelles couleurs ils apposent sur leurs joues, dans leurs cœurs, et lesquelles colorent leurs pensées et leurs mots. la tête plongée dans un univers imaginé par un autre, on retrouve des bouts de phrase de notre propre imaginaire. des bouts de phrase qu'on ne savait pas tout à fait comment aligner pour en faire un pensée cohérente. les humains, on se ressemble et on se complète. ensemble, on répare et on s'unit, on crée à partir de presque rien, on mélange des couleurs pour faire des couleurs qui n'existaient pas encore. ensemble, on écrit des histoires qui combattront le temps. laissons aux gens une deuxième chance. laissons les gens se reprendre, se relever. on est tellement toujours concentré sur la petite tache laissée sur notre cœur, notre canevas, qu'on ne se rend même pas compte que l'autre rebâtit son chevalet qu'il avait renversé, sous la colère. ça arrive de ne pas être satisfait de notre création et d'avoir envie de tout balancer. ou d'arrêter de peindre parce que le ciel n'est plus aussi inspirant, parce que les sourires de nos proches n'éclatent plus dans notre œil, parce que nos têtes sont vides. c'est normal d'être fâché, déçu, blessé quand quelqu'un brise, entache, malmène notre art, notre vie, notre cœur, nos pensées. c'est normal d'avoir peur de redonner un pinceau, de tendre une palette colorée, de laisser l'autre regarder notre œuvre. mais quand, après avoir vu tout le dégât qu'on a pu créer, le gâchis brunâtre des couleurs mélangées sur le plancher, le bois du chevalet rompu, les toiles des gens qu'on aime gâchées par notre mauvaise humeur, par notre absence, par notre manque d'amour, quand tu te relèves et tu t'excuses, quand tu lave le plancher et que tu répares le chevalet, quand tu replaces une nouvelle toile sur celui-ci. devant toi, il y a un monde de couleurs et de formes qui t'attendent. tu peux redevenir qui tu veux, une version meilleure de toi-même. tu étais peut-être un artiste médiocre avec un lâcheté décevante, mais tu peux devenir un artiste productif, inspiré et inspirant. et toi qui a été entaché par l'art destructeur d'un autre, relève ta tête et vois que parfois, les gens cherchent à changer, à s'améliorer, à aimer mieux. pour l'amour, laisse le temps et la chance aux gens de repeindre. laisse-toi toucher par cette nouvelle œuvre, ce mélange de bleu ciel et de rouge feu et de jaune soleil et d'orange orange. qui sait, peut-être que l'art des autres déteindra sur le tien. toi qui repars à zéro sur une toile blanche, il y aura toujours quelqu'un pour te rappeler qui tu étais, les œuvres que tu as peintes avec insouciance et qui ont choquées ou blessées. mais il y aura toujours quelqu'un pour t'encourager dans ton évolution, ton ascension. parfois, tu seras toi-même ces personnes. te décourageant, te remontant, te maltraitant, te félicitant. malgré tout, ne t'arrêtes jamais de peindre. quand les gens s'étonneront devant tes nouvelles peintures, tu sauras que tu avais raison de croire en toi, et de te donner une seconde chance. dire les belles choses à voix haute. taire les couteaux. tout le monde aime se faire dire que c'est joli, ses vêtements. personne aime se faire dire que notre sourire est croche. tout le monde aime se faire dire qu'on a du talent dans quelque chose. personne aime se faire dire que nos intérêts sont niaiseux. s'que j'veux dire, c'est que c'est tellement facile de se détruire mutuellement, que nos mots sont les plus blessantes des armes. ces couteaux, ces canons, ces fusils peuvent entailler la peau. on range les couteaux, on les cache des petits enfants. c'est dangereux, au moindre faux mouvement les problèmes peuvent arriver. on les range parce que personne ne sait vraiment jusqu'où on peut aller, avec un couteau dans une main. une fois qu'il y est, on se sent puissant. comme si les couteaux contrôlaient les pensées. les mauvais mots sont des couteaux, blessants, contrôlants, difficiles à arrêter. mais pourtant, les mots, c'est également la plus belle arme pour se battre contre la méchanceté gratuite. ou pour se battre contre n'importe quoi. ce qui blesse, ce qui est injuste, ce qui trouble. mais se battre ne veut pas dire de faire mal. se protéger ne veut pas dire de blesser l'autre. avec des mots, tu peux rebâtir, apaiser, aimer. alors, pourquoi pas essayer de se faire sourire plutôt que de se faire pleurer? les mots sont comme des mauvaises herbes. elles prennent toute la place dans un jardin, on ne voit plus que les pissenlits. ils sont de couleur éclatante, voyante, ils sont légion, à profusion. mais ça ne les rend pas agréables pour autant. personne à un bouquet de pissenlits comme centre de table ou comme bouquet de mariage. les pissenlits, ils écrasent les bourgeons de roses et de tulipes. parler moins donne de la valeur à tes mots. parfois, c'est bien mieux de ne rien dire, mais parfois, c'est à la racine qu'il faut aller, traiter le bobo. alors, pour l'amour, quand tu parles, dis quelque chose qui ne lance pas des flèches. bien trop souvent les couteaux coupent les fleurs. dire les belles choses à voix haute. taire les couteaux. choisir les fleurs qu'on tend aux autres, enlever les mauvaises herbes de notre jardin, ne pas en planter chez les autres, qu'ils te voient jardiner ou pas. et à toi, à qui on donne souvent des pissenlits, sur qui les couteaux volent souvent bas, attend quelques jours. les pissenlits deviennent blancs, fragiles. tu pourras souffler dessus, tout partira dans un coup de vent. et pour les couteaux, ils finissent par être moins aiguisé, sur ta peau durcie. mais jamais, oh jamais, ne jette une bombe, ne te laisse pas guider dans ce jeu de méchanceté. envoie plutôt des jolies fleurs. je suis au contrôle du soleil. si je sors et je souris, il me rencontrera et me laissera plus chaude. je lui ferai de la peine si je l'ignore, peut-être même qu'il pleurera. le concept du parapluie a pas été inventé pour rien. para-pluie. par-agua. y'a que les anglos qui suivent pas. les parapluies, ils te coupent de la pluie. (révélation) parfois, t'en a pas besoin parce que tu veux sentir l'eau sur ton visage, tu aimes bien danser sous les pleurs, parce qu'être triste, même si c'est pas joli, ça lave. c'est vrai que je me fais bien surprendre par les nuages noirs, que j'oublie trop souvent mon parapluie. on se sent protégé avec, on se sent libre sans. on apprend à vivre avec ce qu'on a sous la main. la pluie peut faire du bien, à petites doses. mais bien souvent, il fait froid et on en revient avec un rhume. le soleil, pour beaucoup, c'est le bonheur. le bonheur, c'est dur à définir, mais je crois que c'est momentanément si facile à ressentir. je suis au contrôle de mon propre bonheur. je choisis mes journées de pluie et de vent, pour évacuer toutes les saletés et laver les bobos à l'eau fraîche, mais j'aime bien le soleil aussi. les choses font bien moins peur sous le soleil. c'est à moi de choisir la température dans mon cœur. c'est à moi de décider ce qui m'affecte, ce qui me donne le rhume ou ce qui me fait bronzer. |
Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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