ce matin, 8h45, couchée dans le méga-grand-lit-de-mon-frère-parce-que-ma-mère-emprunte-ma-chambre, je retrouve une vidéo sur mon téléphone. une vidéo banale que j'avais prise l'an passé, alors que je me promenais dans la Gaspésie. je me rappelle avoir voulu montrer le paysage à mon amie, et donc munie de la qualité médiocre de mon cellulaire, j'avais capturé ce paysage. le fleuve à perte de vue, du bleu sans savoir s'il est ciel ou mer. c'était une vidéo banale. c'était. parce que dans cette vidéo-là, alors que c'était ni le sujet principal ni même important, mon papa parle. pendant un gros 30 secondes, mon papa parle. normalement, un bout d'anecdote. voilà un an, c'était pas important, même que peut-être je l'aurais mis sur mute. mais ce matin, mon cœur a un peu brisé en entendant sa façon de parler un peu sur le bout de la langue, ses intonations si singulières et pourtant si familières, son accent québécois caché sous un français impeccable. alors après avoir essuyé mes larmes, je suis montée et j'ai fait écouté à maman. je souhaite à personne voir le visage de sa mère se décomposer comme le sien. sentir les larmes arriver avant même de les voir couler sur ses joues. moi qui me suit souvent blottie dans ses bras ces derniers temps, je me retrouve à accueillir sa tête et ses larmes sur mon épaule. du haut de mes presque 20 ans, je ne sais pas comment gérer ça. je ne sais pas comment gérer la peine de mon roc. alors je fais la seule chose que je sais faire quand ma mère pleure, je pleure avec elle. tout le monde disait que sa voix ressemblait à celle de mes frères. moi, je trouvais pas vraiment. sauf quand j'entendais quelqu'un en bas, là, je pouvais pas différencier personne des gars. mais je connaissais tellement chaque voix, associée à chaque personnalité que je pouvais pas les mélanger. mais en entendant cette vidéo, j'ai entendu mon frère. j'ai entendu ma façon de parler un peu sur le bout de la langue des fois, j'ai entendu nos expressions familiales. cette vidéo, de banale capture d'un paysage, est devenue importante pour moi. un vestige du passé, un souvenir d'une escapade entre papa et moi, une fenêtre ouverte, une chanson pour me rappeler. pour ne jamais oublier.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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