petite forteresse. petite forteresse que tu te construis là, fille. érigée dans des ruines. y'a le feu tout autour, y'a plus grand chose dans les environs. alors tu construis toi-même, sans aucune connaissance ni confiance. les murs sont hauts, tu trouves pas? les murs sont hauts, mais ils sont si faciles à détruire, pas vrai? t'as l'air bien protégée, mais ça prend qu'un coup de canon pour tout jeter à terre. tu te concentres tellement fort sur ces protections que tu délaisses les occupants à l'intérieur. fille, tes soldats partent un à un, t'as remarqué? je le sais que t'as pas envie qu'ils désertent, tu voudrais qu'ils restent, mais ils ont peur, et ils s'en vont. ils ont peur parce que le mur grimpe, grimpe et puis il tombe en morceaux. Par petits bouts ou bien tout à la fois. ils veulent pas, eux, le réparer ton mur. c'est normal, c'est pas leur boulot. tu peux pas les retenir en dedans, mais tu peux les encourager à rester. petite forteresse. ils te défendront pas, tes hommes, si t'en prends pas soin. ils voudront pas t'aider si tu leur donnes rien. donne, et tu recevras, qu'ils disent. jte promets, ils vont pas te laisser tomber. si tu leur demande, si tu les laisses travailler. t'inquiètes pas, ils vont pas tout casser. fait leur confiance. petite forteresse. personne voudra jamais rentrer. les murs sont hauts mais défraichit. y'a toujours un méchant gros nuage artificiel au-dessus de vous, même quand il fait soleil tout autour. tu te crée ton propre climat, ma belle, tu te crée ton propre malheur. tu me diras que c'est pas toujours ta faute. c'est vrai, t'as raison. mais fille, tu vois un nuage comme une tempête. petite forteresse. fait donc attention. tes murs font pitié, répare-les. tes soldats sont sales, affamés, dénudés. Prends soin d'eux. ils prendront soin de toi en retour. fais le ménage autour, les débris et les flammes, c'est fini tout ça. prend le temps de construire sur une bonne base, solide. petite forteresse. c'est correct d'avoir des faiblesses, tu sais. c'est correct que ça te demande des efforts de t'occuper de tes soldats et de tes murs. mais arrête toi pas là. continue de faire des efforts. tu finiras par devenir un beau et grand royaume.
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(je commence par m'excuser pour le gros mot. et pour ceux qui suivront.) Tu te lèves chaque matin, tu te brosses les dents, tu te maquilles, tu t'arranges. Tu mets un pied devant l'autre même si ton cœur t'alourdis. Tu affrontes tous les regards interrogateurs, inquiets ou frustrés. Tu te bottes les fesses pour passer à travers la journée sans trop d'anicroches. Et puis tu recommences chaque jour. Fille, j'te dis, tu m'impressionnes. T'es forte en maudit, pour faire ce que tu fais. Je sais que t'as envie d'arrêter tout ça là, que t'as pas envie de te lever le matin. Je sais que c'est difficile, beaucoup. Que certains jours tu resterais couchée, complètement éteinte au monde. Mais tu le fais pas, parce que t'es tellement plus que ça. Tu leur prouves, tu te prouves, que t'es forte et que tu te laisseras pas abattre. Tu montres à la vie de quel bois tu te chauffes, même si c'est pas facile. Sache que c'est correct d'être triste. C'est correct de le montrer et de demander de l'aide pour aller mieux. C'est correct d'avoir des moins belles journées. Mais arrête jamais de te battre. Relève-toi pis remonte tes manches. Ça ira. Peut-être pas bientôt, peut-être dans longtemps. Mais ça ira. Les gens t'aiment, ils veulent prendre soin de toi. T'es forte, fille. T'es un fucking guerrier. Tu fais pas juste survivre, survivre aux commentaires, survivre aux jours qui passent, survivre à la vie. T'es pas une survivante. T'es une combattante, tu te bats pour aller mieux, pour sourire, pour parler normalement. Mets ton armure et montre leur à quel point t'es forte. Mets ton armure pis montre leur que t'arrêteras pas tant que ça sera pas fini. T'es un fucking warrior, fille. Bat-toi comme tel. Cette semaine, je suis allée à New York. J'ai beaucoup exploré de choses nouvelles, mais que j'avais déjà vues plus tôt. Dans les films, dans les livres, dans les chansons. J'ai aussi beaucoup appris. Quand t'es entourée d'immenses gratte-ciels et de centaines de gens qui marchent dans tous les sens, tu peux pas te sentir grand et important. Surtout pas du haut de mes 5'2. New York te fait réaliser que sur la Terre, t'es pas grand chose. Arrête de te prendre pour le nombril du monde. J'ai appris aussi que la vie va vite, et que souvent, on prend pas le temps de s'arrêter, de lever la tête de d'apprécier notre environnement. J'ai appris qu'il y a plus de gens qui tiennent à nous qu'on peut le croire. J'ai appris que les gens nous aiment plus qu'on le sait. J'ai emprisonné des évènements dans mon cœur, pour les conserver soigneusement. J'ai enfermé mes moments de bonheur (genre Broadway?!) pour y revenir plus tard, quand mes yeux seront inondés. J'ai conservé nos fous rires, nos conversations sérieuses, nos joies complices. J'ai laissé à New York les choses qui me faisaient mal. J'ai laissé mon éléphant rose dans ses rues, peut-être qu'il apprendra à prendre moins de place. These little town blues are melting away, I'll make a brand new start of it, in old New York. -F.S. -penses pas à un éléphant rose. À quoi tu penses? - un éléphant rose. présentement dans ma tête, y'a toute une jungle. Genre, la forêt amazonienne au complet dans un petit zoo de 10 cm cube. Y'a toute la jungle, tous les bruits et les inconvénients qui viennent avec. Les oiseaux qui volent de tout bord tout côté, les singes qui hurlent, les insectes qui grimpent partout et qui chatouillent. Y'a le roi de la jungle, le beau et majestueux lion, qui fait dodo dans un coin, parce que gérer une bande de fous en permanence, c'est trop pour lui. Alors, c'est la débandade là-haut, tout le monde fait n'importe quoi. Mais tous ceux-là, ils sont en arrière-plan. On les voit presque pas, cachés derrière cet énorme éléphant. Plus haut, j'ai dit qu'il était rose, mais j'ai menti. Je crois pas qu'il soit rose, c'est plus les singes farceurs dans ma tête qui veulent le voir rose, pour oublier toute la place qu'il prend. Il est plutôt noir, mais très, très foncé. Parce que dans mon zoo, y'a pas de zone grise. Y'a que du noir, du blanc et bien des couleurs, mais pas de neutralité. Alors cet éléphant noir, qu'est-ce qu'il fait là? Il était ni gros ni noir au début. C'était un tout petit bébé très mignon et très rose, de qui j'ai pris un peu trop soin, ou pas assez. Et il a grossi, et grossi et grossi, et s'est assombri de plus en plus, sans que j'arrive à l'arrêter. Donc là, il prend toute la place, il repousse tout les autres au deuxième plan. On a bien beau tous le pousser, il bouge pas. Mais on s'est concertés, les autres et moi, et on trouvera un plan pour le faire partir, ou du moins, pour le renvoyer en arrière, comme tous les siens. let it go, petit éléphant. ou redeviens rose. Ces temps-ci, ma planète est éloignée des autres. Genre à des années-lumière. Vous me direz que je peux bien prendre mon petit vaisseau spatial et voyager vers d'autres planètes explorées ou inconnues, mais elle est en panne, ma navette. Il lui manque quelques pièces plus ou moins essentielles. Alors je me plains, en silence. J'encaisse. De toute façon, voyager, ça implique beaucoup trop de choses. Ça implique la préparation, l'angoisse, les ratés. Et ma planète, elle est correcte. Je veux dire, elle est agréable et sécuritaire. La petite astronaute s'y sent bien, croyez-moi. Elle aime ça, marcher tranquillement, s'arrêter pendant des heures plongée dans un monde de créatures surnaturelles, de crimes ou de psychopathes. C'est pas ça le problème. C'est juste que parfois, quelques fois, ma planète a l'air vide. Non, elle est vide. Y'a personne dessus, même moi j'y suis pas totalement. Et je voudrais juste empêcher cette petite astronaute de se sentir comme ça, toute seule. J'voudrais qu'elle relève le menton et qu'elle voit la beauté qui l'entoure. Les arbres, les rivières, le soleil, la lune, l'océan qui s'étend devant elle, les animaux, les étoiles. Je voudrais qu'elle puisse apprécier ce qui l'entoure, même si elle le fait toute seule, parce qu'il est beau en maudit, le ciel au-dessus de sa tête. Malgré les nuages et les éclairs. Pis toute la pluie qui tombe en orages. Petite astronaute, je comprends que tes voisins t'ont quittés pour le fin fond de la galaxie, que les planètes sont pas alignées à la tienne, mais je te jure, il y a encore une tonne de planètes à découvrir. Et il y a encore les mêmes vieilles qui resteront toujours là, parce qu'ils peuvent pas bouger. J'te promets que peu importe à quel point tu crois être seule sur ta planète et tu t'ennuies de la maison, des visiteurs que t'as reçus, t'es pas toute seule. Parce que y'a une multitude d'autres astronautes dans la même situation que toi, qui pensent qu'ils sont seuls dans l'univers. Pis j'te promets, ton vaisseau, il se réparera bientôt, et à nouveau tu pourras naviguer. Vers l'infini et plus loin encore. |
Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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