J'carbure à la fiction. Si j'suis dans le monde normal trop longtemps, j'étouffe. Trouvez moi une histoire, quelqu'un. J'ai toujours été un peu comme ça. Comme quoi? Rêveuse, sur la lune, dans ma tête. J'ai toujours adoré me faire lire des histoires, inventer toutes sortes de monde dans lequel mes amies et moi on se perdait le temps d'un après-midi, regarder des acteurs et des actrices être quelqu'un d'autre, le temps d'un film. T'es capable, de vivre plus dans un monde créé que dans le réel? Tabarouette, oui. Si je pouvais vivre uniquement dans un autre monde, je le ferais. Quand je reste trop longtemps dans la vraie vie, j'ai les nerfs qui veulent péter une coche. J'ai les pensées en bouilli, le cœur en sharpie. Je sais plus trop comment agir, comment réagir. Alors je vais me cacher dans un nouvel univers, ou dans le creux des bras d'une histoire connue. Je me perds, je me recharge, je me trouve. Je sais pas pourquoi le fictif m'attire plus que le réel. Peut-être parce que la réalité fait toujours plus mal, peut-être parce que dans le fictif, tu peux être qui tu veux, peut-être parce que j'ai pas besoin de penser, dans un autre monde. J'ai pas besoin de penser aux responsabilités, aux problèmes. Je sais que je peux avoir l'air dérangée, mais je crois pas être la seule dans mon asile. Je sais pas pourquoi, mais le fictif m'aide à supporter le réel. Ça m'aide à apprivoiser la vie, le changement. Ça m'aide, m'imaginer des personnages à mes côtés pour me calmer. Je sais pas pourquoi ça m'aide, avoir des amis imaginaires. J'serai peut-être toujours un grand enfant, au fond. Un grand enfant au cœur lourd et à la tête encombrée, mais à l'imagination débordante, aux doigts toujours trop lent pour elle, au cœur trop grand. J'serais toujours un grand enfant qui aime rêver, et faire rêver. J'serais toujours un grand enfant, les mains salies de peintures multicolores, les larmes qui roulent sur les joues, mais avec une œuvre inachevée devant elle. Un jour, j'vous montrerai mon monde. Pas ceux que les autres ont créés et dont je suis jalouse en silence, pas ceux qui viennent de la tête d'un autre et que j'emprunte de temps en temps, non. Le mien, à moi, uniquement. J'vous ferai faire une tour, et qui sait, peut-être que je vous donnerai envie de voyager.
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je l'ai entendu parler et puis j'me suis retrouvée, projetée, quelques années plus tôt. j'me suis revue, à 12 ans, à tes côtés. ses mots étaient les tiens, ses expressions faciales ne pouvaient que venir de toi et son comportement ne pouvait qu'être inspiré par le tien. et malgré le temps qui s'est effrité jusqu'à ne devenir que poussière de souvenirs depuis notre dernière rencontre, je te reconnaissais. je ne voyais plus celui devant moi, je distinguais la silhouette de celui que j'ai si bien connu des années auparavant. peut-être est-ce pour cela que j'ai désiré passé la soirée suspendu à ses lèvres. parce qu'enfin, je te retrouvais. je te rencontrais à nouveau, des années plus tard. j'avais enfin accès à toi, par un intermédiaire floué. non seulement je croisais ta route encore une fois, mais je passais aussi sur le chemin de cette petite que j'ai été. je me sentais comme elle se sentait, à son premier amour. je revoyais les étoiles dans ses yeux et les montagnes russes dans son cœur. je pouvais sentir les souvenirs jaillir en moi par images, par mélodies, par rires, par pleurs, par sentiments. enfin, nous étions réunis. qu'est-ce que tu deviens? on m'a dit que tu avais terriblement changé. mais pas tant que ça. penses-tu parfois à moi? je l'ignore. peut-être? probablement pas. te souviens-tu de nous? assurément. pas vrai? te rappelles-tu nos rires, nos conversations, notre amitié? ou est-elle disparue sous ces océans qui embrouillent tes pensées? ou est-elle cachée sous cette fumée qui embrouille ta vision? ou est-elle enfermée dans ta mémoire intacte mais inaccessible? ou est-elle simplement disparue, inutile? je n'aurais jamais les réponses à mes maintes questions et encore moins la chance de croiser ton regard dont la teinte cuivrée s'efface lentement de mon esprit. alors, au plaisir de te recroiser dans les yeux et dans les mots de ta prochaine ombre. je t'ai souvent entendu dire que t'étais né à 12 ans. on en a toujours un peu ri, ici. c'était comme une blague entre nous. j'avais jamais pris le temps d'y réfléchir, vraiment. c'est ce matin, en revenant à pied, que j'y ai pensé. j'crois avoir compris ce que t'as voulu dire. toi et moi, on est fait de la même étoffe. de toi, j'ai volé tellement. j'ai volé tes mots, je les ai attrapés au vol, les ai fait atterrir dans mon atelier. j'ai modifié la carlingue, rajouté du carburant dans le réservoir des rêves, raccourci les ailes. j'ai gardé les mêmes couleurs, sous différentes teintes. dans mon nouvel avion, on vole bien. malgré les nuages noirs et les turbulences, parfois on voit le soleil à l'horizon. j'aime ça, quand tu viens faire un tour dans mon engin. de toi, j'en apprends tout le temps. de toi, je comprends tellement. de toi, je vois tellement de moi. de toi, j'assimile la vie. de toi, je ne peux me détacher. de toi, j'aime tellement. continue à faire tes blagues plates, même si on fait semblant d'en avoir honte. on les refait toutes plus tard, en se trouvant ô combien drôle. continue de veiller sur nous à toute heure de la nuit. continue d'être là, proche, peu importe où on se trouve sur la planète. on a peut-être pas le meilleur père, mais on a le bon pour nous. j'ai dit que j'avais compris ce que tu voulais dire, quand tu disais que t'étais né à 12 ans. je crois que t'as toujours eu l'impression d'avoir eu une âme vieille, lourde. une âme dans laquelle on peut trouver tant de profondeur, tant de sagesse. mais une âme dans laquelle on peut aussi enterrer tant de douleur, de blessures. peut-être que moi aussi, j'suis née à 12 ans, dans l'fond. bonne fête des pères, pops. je t'aime jusqu'au bout des cieux, et plus loin encore. J’tai jamais demandé de rester. Tu sais quoi, j’y ai même pas pensé. J’ai pas voulu te retenir, pas voulu t’empêcher. J’tai pas supplié, j’ai pas fait de crise, j’ai pas versé des océans. J’ai presque rien dit. J’ai pas murmuré des baisers, j’ai pas crié des colères. Je t’ai laissé partir. Je t’ai regardé partir. J’ai observé ton dos, ta démarche lâche, ton cou, tes cheveux. J’ai enregistré chaque détail de toi et je t’ai envoyé une dernière fois la main. Probablement qu’à un certain point j’ai pensé à te courir après, j’ai peut-être essayé une ou deux fois de suivre tes traces. Mais jamais je t’ai demandé de rester. Parce que si t’as pas envie de rester, je te forcerai pas. J’ai pas envie d’être avec quelqu’un qui veut pas. Je te laisserai partir, si tu sens l’appel de la liberté. Je crois espérer que tu reviennes par toi-même. Ça arrivera pas. J’ai longtemps attendu sur le pas de la porte, l’oreille tendue. Si tu revenais, j’étais là, les bras accueillants, le cœur grand ouvert. Ah, chaque jour je regardais le courrier, je guettais le bout de l’allée. Et puis, un jour, ma patience s'est consumée, noire, égrainée. J'ai lancé une poignée d’allumettes dans la maison délabrée, j’ai tourné le dos à nous et j’me suis sauvée. Un jour, peut-être tu reviendras. Tu trouveras les ruines encore chaudes de notre chez-nous. Mais si tu fouilles un peu, Si tu déterres quelques débris encore intacts, Si tu noircis tes mains de suie, Tu me trouveras. J’te promets qu’il restera un bout de moi qui sera jamais complètement effacé, qui sera jamais complètement déménagé. Et peut-être même tu trouveras un indice qui te guideras à moi, à mon nouveau chez-moi. Y’aura toujours un chemin accessible à mon cœur, s’agit que tu le cherches. T'es pas bon pour moi. Tu crées des tempêtes dans ma tête, du brouillard dans mes pensées. Tu crées des ouragans dans mon cœur, des vagues d'émotions. Tu crées des tremblements de terre dans mon corps, des éboulements dans mes doigts. Tu crées des éruptions volcaniques dans mon âme, du tonnerre dans mes convictions. Ton attraction me dévore. Trop loin, j'ai froid. Trop près, je fonds. Ton toi me tue. J'explore de nouveaux horizons, des terres inconnues. Je découvre, d'un océan à l'autre, des parcelles de vie. Je vole, la tête dans les nuages, je nage dans les profondeurs des vagues. Mais vite mes ailes se font emporter dans le vent, vite les vagues me noient, vite mon corps tremble, vite mon cœur débat. Ces catastrophes que tu provoques sont belles, elles m'inspirent. D'elles, je peint d'incroyables œuvres. C'est avec toi que mes mots prennent vie. Mais à quoi bon décrire un monde qui se détruit, qui tombe en morceaux? À quoi bon essayer de travailler avec des mains instables et des pensées qui s'entrechoquent? Tu m'aides à peindre des fresques mémorables, mais tu gâches mes plus beaux tableaux. Un jour, j'arrêterai d'avoir besoin de toi pour être une artiste. T'es une bonne muse, tu fais ressentir des émotions fortes, tu inspires. Mais je ne gaspillerai pas ma propre tête pour faire vivre la tienne. Tu provoqueras toujours en moi des inondations, des tornades et des tsunamis, et je prendrai toujours grand plaisir à les dépeindre, mais, présentement, j'ai besoin qu'on m'apporte du soleil et des arcs-en-ciel. pour une seconde, prends le temps de penser à toi. à ce dont tu as besoin, ce qu'il te faut. c'est pas être égoïste, c'est simplement savoir s'occuper de soi. t'as toujours été celle qui réparait les autres. celle qui se donne corps et âme pour un autre. t'hésites pas à investir temps, argent, amour, pensées, pleurs, rires. tu te donnes à cœur joie, sans vraiment réfléchir aux dommages collatéraux. les dommages collatéraux sur ton cœur, sur ta tête. t'as déjà pensé avant de t'embarquer dans quelque chose, que tu pourrais terriblement te détruire? t'as déjà pensé que même si t'aimes fort, ça se peut que cette chose te tue? c'est pas parce que t'aimes quelque chose que cette chose est bonne pour toi, fille. tu vois pas, à quel point tu t'écrases, tu piles sur toi-même pour les autres. tu effaces des bouts de ton être, tu rentres les épaules et tu baisses la tête. tu parles moins de ce que tu aimes parce que tout le monde s'en fout, tu arrêtes de rire si fort, parce que c'est trop dérangeant, tu donnes sans recevoir. et puis tout ça, ça te mélange en dedans. et ils partent. parce qu'ils partent, eux. ils savent quand s'arrêter, quand ralentir. ils savent se protéger, parfois même te protéger. eux, ils savent s'en aller. mais quand ils partent, tu sais plus exactement qui tu es. t'as du mal à retrouver celle que tu es véritablement. elle est là, enfermée dans un coin sombre. elle attends que tu viennes lui ouvrir la porte, et étrangement, ou normalement, t'as beaucoup de plaisir à la revoir. tu la connais, elle est toi. la vraie, celle que t'as pas besoin de forcer. ça fait du bien, non? être toi, avec toutes tes pièces? occupe toi pas des autres. t'as pas besoin de prendre tes pièces à toi pour les coller sur eux. ils seront bien assez capables de coller les morceaux tout seul. c'est correct, d'aider, d'aimer. mais la limite est là. apprends à rester toute entière. t'as pas de trou à boucher ou de morceaux à entailler. t'es parfaitement entière. toi toute seule. |
Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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