je m'y suis perdue encore une fois. j'ai pas fait exprès, j'te promets, j'ai pas voulu. j'ai trébuché et j'ai perdu l'équilibre, perdu pied. ma chute a été longue, et l'atterrissage lourd. avant, y'avait pas d'eau là. j'pense que j'suis tombée dans une marée haute. j'ai ouvert les yeux pour découvrir un paysage embrouillé, mouvementé. j'ai ouvert mes yeux rouges sur un ciel bleu mais sur une mer déchainée. les yeux à demi dans l'eau, j'essayais de trouver l'air pour te crier. te crier que j'avais besoin de toi, te crier que je pouvais pas m'en sortir toute seule, te crier que j'allais sombrer rapidement. mais malgré le mélange d'air et d'eau qui coulait dans mes poumons essoufflés, les mots, eux, ne trouvaient pas leur chemin vers toi. ils bloquaient là où le cœur et la raison se rencontrent, là où les fers se croisent. tu le connais, non, cet endroit? dans la base de ta gorge, quand tes mots s'agglutinent et ne font plus place à rien d'autre qu'au silence. j'ai beau eu m'époumoner, vider mon cœur, remplir l'océan, mes cris n'ont pas su attirer ton regard. peut-être le bruit des vagues m'a-t-il étouffée, peut-être as-tu décidé de m'ignorer, peut-être ma raison a-t-elle gagnée et seul le silence t'es parvenu. je me suis battue longtemps contre les vagues, en espérant revoir. revoir ton bateau, revoir ta main me soulever, revoir tes bras m'envelopper. j'ai levé les yeux pour récolter un beau d'bonheur, de couleur. j'pouvais le voir, le soleil. j'y croyais presque, au paradis. mais les vagues me retenaient à la réalité, m'empêchaient de m'y rendre. et puis si j'baissais la tête, j'voyais plus rien. que l'immensité sombre qui s'étendait sous mes pieds gelés. mais avec les jours, mon espoir s'est envolé. comme les oiseaux dans le ciel. ceux qui criaient à l'aide avec moi, les yeux inquiets. ceux qui se moquaient de moi, le bec en l'air. ceux qui comprenaient pas, le cri arrogant. mais j'ai pas perdu ma force. j'me suis battue quand même, les vagues tentant de submerger mes pensées, d'infiltrer mes yeux, d'inonder mon cœur. s'qu'il sait pas l'océan, c'est que c'est moi qui prend possession de lui. c'est moi qui le contamine, qui l'habite, qui l'agite. dépêche-toi, s'teplait. j'ai beau m'battre. j'commence à avoir froid, j'commence à m'essouffler, j'commence à perdre la raison. viens m'chercher, j'sais pas nager.
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t'as remarqué, fille, que tu tiens entre tes mains blessées exactement l'objet de toutes tes brûlures? t'as remarqué que tu t'obstines à t'agripper à ce qui rend ton cœur lourd? t'as remarqué que si tu lâchais tout, ça serait tellement plus facile d'éteindre le feu et de calmer les tempêtes? oh, fille, je sais. je sais que c'est pas le seul problème. je sais que ça faisait déjà mal, que t'avais déjà commencé à t'affaiblir. je sais que tu peux pas tout contrôler, que c'était déjà la pagaille avant que tu ramasses ton petit bois. je sais que le feu était déjà pris avant même que tu l'allumes. t'as cru bien faire, ah ça oui. au début, tu pensais que le bois ferait du bien, non? que peut-être qu'avec tu pourrais faire quelque chose de beau, utiliser la douleur et la transformer en œuvre d'art. t'avais raison, ça a aidé. pendant un temps. les brindilles et toi, vous avez réussi à créer de la chaleur et des flammes majestueuses. vous avez fait quelque chose de beau, j'te l'accorde. mais un moment donné, t'en a perdu le contrôle. le feu t'es glissé des mains et le bois est devenu un combustible dangereux. ravageur pour tes mains et ton cœur. mais à la place de laisser tes branches et d'arrêter le feu avec quelque chose de bien plus efficace, à la place de courir chercher de l'eau pour apaiser les flammes ou te rouler au sol, t'as fermé les yeux, pincé les lèvres, retenu ton souffle et t'as serré fort tes branches. parce que c'était tout ce que tu connaissais, tout ce que t'avais. même si c'est ce qui allait te détruire, t'asphyxier, tu t'y accrochais. lâche tes branches, fille, tu vois pas qu'elles mèneront à ta perte? lâche tes branches sans oublier qu'un jour, elles t'ont été utiles. lâche tes branches pis enfuis-toi. lâche tes branches pis cours le plus loin possible avant que tout exploses. j'te promets, tu trouveras autre chose dans ta forêt. j'ai toujours eu de la misère avec ce concept. probablement parce que le monde et moi, on a pas la même définition. c'est qui, qui a décidé de ce que voulait dire cette expression? parce que j'ai l'impression que la plupart des gens pensent que "profiter", c'est faire la fête. c'est de sortir tous les jours, de voir ses amis chaque journée de la semaine. c'est d'oublier la nuit, de se réveiller avec la tête qui cogne le lendemain. c'est d'être toujours entrain de rire et de s'éclater. c'est de "faire quelque chose". c'est une définition possible. mais je crois que pour certains, la définition est différente. pour certains, c'est simplement lire sous le soleil chaud, dormir tout le matin et rester éveillé toute la nuit. c'est d'enfin finir les séries de télé que t'as pas pu finir à cause de tous les devoirs et les cours. c'est voir quelques amis de temps en temps, parce que franchement, ça fait du bien, pas toujours être entouré. c'est rien faire, ça? y'a tellement de définitions possibles à cette expression. manger des guimauves autour d'un feu. enfin faire ce roadtrip que tu planifiais depuis déjà quelques mois. se tacher les doigts et le visage de peinture en faisant des tests de couleurs. mettre la musique à fond, chanter et danser, seule dans le salon. jouer de la guitare pour tes amis enchantés. avoir le temps de travailler sur des projets qui te pousseront loin. courir après un objet rond entouré d'une vingtaine de fous qui courent aussi. s'éclabousser dans la piscine. jaser avec tes parents tard le soir. aller prendre une marche avec ton chien et prendre le temps de lui lancer une balle. partir en voyage. dormir dehors. manger de la crème glacée. faire le ménage de tes vieux vêtements et dévaliser les magasins par après. faire de la photographie. enfin avoir le temps d'écrire tous les jours. écouter des films d'amour avec ta meilleure amie. faire du vélo. se faire un plus gros déjeuner qu'une toast beurrée. c'est faire ce que tu veux, quand tu veux. parce que tu peux. dans le fond, profiter, c'est faire ce qu'on aime. peu importe ce que tu aimes. alors moi je te dis, aime ton été. peu importe comment tu le fais. parfois j'me réveille dans le milieu de la nuit, le cœur qui fait un 100m sprint, les yeux qui oragent et la peau qui nage. ça m'prends quelques minutes reprendre mon souffle, ajuster les battements de mon cœur. j'sais pas s'qui m'prends. une terreur nocturne? j'peux pas te dire, mais on dirait que j'suis le personnage principal d'un film d'horreur. celle qui pousse les cris ultra aigus. tsé, ceux que seuls les chiens entendent. et peut-être que c'est ça, peut-être que seuls les chiens m'entendent. alors, dans mon éveil soudain, j'observe les alentours. j'ai peur. j'ai probablement trop d'imagination, et mon cerveau est en surplus de création. j'me ramasse en boule dans le milieu de mon lit, la doudou enroulée sous les pieds pour pas qu'un monstre les attrape, mon gros toutou chien (coïncidence?) entre les bras. j'ai 16 ans, et j'ai peur du noir. et puis, je me rendors. mais quand le soleil se réveille et que la lumière revient, ma peur ne s'endors pas, elle. et c'est à ce moment là que je me rends compte que j'ai pas peur du noir. j'ai juste peur, point. j'ai peur, peu importe la couleur de l'ombre, peu importe sa forme. j'ai juste peur de ce que je connais pas, de ce que je vois pas. et parfois, même baigné dans la brillance, une chose me semble sombre. elle peut bien être illuminée, j'aurai peur de son ombre. j'ai 16 ans, et j'ai peur de tout. mais dans la clarté, y'a pas ma doudou et mon doudou. y'a pas de fort de sureté ni de "je me rendormirai". y'a que des "sors-en", des "t'es plus un enfant". et ça, ça me fait peur. aussi. |
Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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