pendant de longs voyages, tu peux croire que ce voyage sera le dernier. que jamais, jamais tu reviendras sur terre, à la maison. que jamais, jamais tu reverras ces doux visages qui t'ont saluée sur le quai. que jamais, jamais tu sauras retrouver ton chemin à travers la tempête. les vagues sont fortes contrent ta coque et malgré ta proue tranchante, elles peuvent tout de même te faire trébucher. les vents soufflent avec colère et même avec des voiles flexibles, elles peuvent faire craquer ton mât. sur ton bateau, t'es le capitaine, le matelot, le passager clandestin et les marchandises. quand le ciel est bleu, tu appuies tes petits pieds sur le bois beige et, les mains derrière la tête, tu absorbes le soleil, paisible. quand le soleil en pyjama s'étire sur son lit bleu, tu le peins et le dépeins en brouillon, en propre, les paupières lourdes, mais la tête pleine de rêves. certains matins, le café à la main, tu prends le temps de réparer ton bateau, de laver le pont supérieur, de lui faire une beauté, malgré ses pièces brisées et rapiécées. mais quand ce même soleil se réfugie dans le dos des nuages, que le ciel vieillit et pleure sa jeunesse, que le vent soulève tes cheveux, que les vagues perlent contre ta peau, tu te démênes. seule contre l'immensité de l'océan. parfois, ça peut devenir difficile, et souvent, tu peux te dire que c'est peut-être mieux de laisser la tempête t'engloutir. de laisser l'orage te submerger. mais en fait, ce que tu sais pas, c'est que t'es jamais le seul matelot. certains travaillent dans l'ombre, dans les petits recoins de ton bateau émietté. ils font des petites réparations bien à eux, que tu ne saurais faire toi-même. coudre un filet, faire du ménage dans la paperasse, préparer un déjeuner au capitaine. parfois, un joli dauphin partagera ton chemin quelques minutes, te faisant sourire pour la première fois depuis le départ du soleil. ce que je veux dire, petit capitaine, c'est que malgré les trous dans ta voile et les erraflures dans ta coque, il y aura toujours des petits bonheurs qui viendront parsemer ta route de sourires et de douceur. qui prendront le temps de réparer ton bateau, lentement, mais surement. qui prendront le temps de réparer ton coeur, une douceur à la fois. ton bateau, il est peut-être chambranlant, mais il tient toujours la route. ce que je veux dire, petit capitaine, c'est que tu seras toujours le commandant à bord, mais que tu auras toujours des petits matelots pour te soutenir, sous le soleil ou à travers la tempête.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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