''Je t'aimerai toujours, la nuit comme le jour. Et tant que je vivrai, tu seras mon bébé." Je me rappelle chaque fois que tu as lu cette histoire, et tu l'a lue souvent. Je me rappelle qu'à chaque fois, tu pleurais. Je me rappelle que je comprenais pas trop pourquoi t'étais autant ébranlée par ce livre pour enfants. Oui, je savais déjà reconnaître une belle histoire quand j'en entendais une, oui, je trouvais l'émotion en elle très jolie, oui, je savais que tu pleurais aisément, mais je ne comprenais pas pourquoi tu pleurais tant. Tu connaissais l'histoire sur le bout de tes doigts, elle aurait dû arrêter de te toucher autant qu'à la première lecture. Je voyais pas ce que tu voyais. Je voyais pas que tu te mettais à la place de cette mère qui prend soin tendrement de son enfant, et de cet enfant qui finit par s'occuper de sa mère vieillissante. Je voyais pas que tu te voyais en ces personnages, que tu te projetais en eux. Mais ce petit bout de poème récurent est resté épinglé dans ma tête toutes ces années. Je l'ai répété plusieurs fois au cours des années entre ici et là. Et puis chaque fois, j'ai les larmes aux yeux. Je vois tes yeux de pluie, tes mots tremblotants. Je vois nous. Ces enfants qui sont tombés, se sont blessés. Ces enfants qui t'ont déçue, découragée. Ces enfants qui ont ris, qui se sont chamaillés. La seule chose qui ne change jamais, c'est la mère, malgré les rides qui percent dans le coin de ses yeux. Peu importe la circonstance, peu importe l'heure, ou la distance, la maman aime et soutien inconditionnellement. Je vois ce que tu vois maintenant. Je vois cette dame que tu seras dans plusieurs années encore, cette dame qui malgré sa grande force et sa grande douceur ne pourra plus prendre soin de ses enfants comme elle l'a fait. Mais je vois aussi ce fils qui, à son tour, a braver distance, temps et température pour lui chanter cette comptine à l'air lointain. T'inquiètes mom, on sera ce fils. On viendra te bercer dans nos bras et te raconter des histoires, comme tu l'as fait si souvent. On sera là, parce que tu l'as été.
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Marjorie BérubéJ'écris pour calmer les tempêtes dans ma tête et pour faire le ménage dans les mots qui s'y entrechoquent. Archives
Décembre 2019
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